Comme avec la Patrouille de France


L’idée de faire un vol en avion de chasse me trottait dans la tête depuis un bout de temps. L’oiseau ne tombe jamais loin du nid, j’imagine. Mon père était fan d’avions de chasse, et m’emmenait chaque 14 juillet admirer la Patrouille de France. Ce sont des souvenirs qui marquent. Impossible de ne pas rêver, en les voyant, monter un jour à bord. En général, les rêves d’enfant ne restent que cela : des rêves. Mais je suis bien décidé à transformer ces rêves en réalité, ne serait-ce qu’à la mémoire de mon père. Et mardi dernier, j’ai réalisé ce rêve-là. Je n’ai pas (encore) de voiture volante, je n’ai pas (encore) marché sur la Lune, et je n’ai jamais su faire l’alphabet en rotant. Mais ce rêve-là, je l’ai accompli : j’ai volé à bord d’un avion de chasse, qui plus est un Fouga, celui-là même que j’allais admirer avec mon père le 14 juillet ! Cette expérience unique s’est passée du côté de Rennes. Je me suis présenté au matin, avec l’impression d’être un gosse sur le point de partir en colonie de vacances : surexcité. A tel point que j’avais eu du mal à trouver le sommeil la veille au soir. On a commencé par l’indispensable briefing où l’instructeur, Jean-Marc, m’a décrit les caractéristiques de l’appareil. Puis j’ai pu enfiler mon uniforme de vol avant de gagner le tarmac. C’est là que le Fouga patientait. Partagé entre la peur et l’excitation. j’ai sauté dans l’appareil et me suis attaché à mon siège. Après toute une batterie de vérifications, on a finalement décollé. L’accélération a été assez linéaire, ce qui fait que je n’ai pas senti les 220 km/h. Le démarrage en trombe consomme trop de kérosène, et cela fait longtemps que les pilotes ne le pratiquent plus. La première partie du vol a été assez tranquille, vu qu’il s’agissait d’un vol de découverte. Je pensais à mon père et à quel point il aurait aimé vivre cette aventure. Puis le pilote m’a informé que nous allions amorcer les acrobaties, et là, j’ai cessé de penser au passé, au futur, aux rêves et aux attentes : je n’étais plus que dans le moment présent. Du reste, vivre l’instant n’était pas une option, puisque la moindre distraction pouvait me conduire au blackout ! On a démarré par un looping : nous sommes montés à toute vitesse et, en quelques secondes, nous sommes passés de 1000 m à 2000 m. Au début de la boucle, la pression est redoutable et les sensations sont franchement inexplicables : j’avais l’impression d’être dans un compacteur géant ! C’est comme si tout mon corps cherchait à ne faire qu’un avec le siège. Mais tandis que nous nous élevions à la verticale, notre vitesse baissait progressivement. Une fois parvenu au sommet du looping, je me suis retrouvé à l’envers, vissé au siège par la vitesse et mon harnais. Notre vitesse n’était plus que de 100 petits km/h (alors qu’elle était de 600 km/h au début de la boucle, pour vous donner une idée). Un petit instant de flottement irréel, puis l’appareil a entamé la courbe descendante, et j’ai à nouveau eu l’impression de ne faire qu’un avec mon siège ; j’ai dû contracter mes muscles pour éviter le manque d’afflux sanguin au cerveau et le blackout. A peine sorti du looping, le pilote m’a demandé si j’étais d’attaque pour continuer : je lui ai répondu en riant. A cet instant je ne m’étais jamais senti aussi bien. Le pilote a alors enchaîné les figures : vol dos, tonneaux, nouveau looping… Le pilote semblait se faire plaisir. Nous avions à peine terminé une acrobatie qu’une autre suivait. Il m’arrivait de ne plus savoir où se trouvaient la terre et le ciel, mais ça n’avait pas d’importance ; je suais comme un boeuf, j’avais mal aux abdos à force de mon contracter, et j’avais la gorge terriblement sèche. Mais tout cela n’avait pas la moindre importance. Car malgré les figures qui allaient toujours plus loin et envoyaient toujours plus de G, je me sentais à l’aise, goûtant pleinement à ces sensations incroyables et irréelles. J’ai vécu nombre d’expériences au cours de ma vie ; mais aucune comparable à celle-là. Je la dédie à mon père. A lire sur le site de cette activité de baptême en Fouga Magister.



IA : le secteur de la santé est plutôt enclin à résister aux transformations


L’exemple du déploiement de l’e-santé ou de l’intégration des TIC illustre une certaine résistance à l’innovation. La France a été classée par le PIPAME comme un État « moyennement avancé » dans son déploiement de l’e-santé, par comparaison avec une dizaine de pays. Malgré ses atouts et notamment le bon positionnement de ses startups, la France souffre d’un tissu industriel de l’e-santé très éclaté, avec des projets d’innovation encore très atomisés, conduisant à empiler les réseaux créés dans les universités et dans les hôpitaux. Enfin, le modèle économique reste trop incertain pour soutenir des investissements. Quant aux TIC, la Cour des comptes a montré la difficulté pour la France de les intégrer dans le système de santé : faiblesse du déploiement de la télémédecine (en trente ans d’existence, elle ne représente que 0,3 % des consultations en 2015), échec du déploiement du dossier médical partagé (en 2016, moins de 1 % de la population aurait un DMP, lancé en 2004), faible utilisation des messageries sécurisées (30 % des médecins libéraux les utilisaient en 2016) ou encore absence de prescriptions dématérialisées. Une des explications de cette résistance est l’important degré de réglementation. D’une part, le secteur de la santé est très encadré par l’État qui finance avec l’Assurance maladie 80 % d’une dépense de santé de près de 270 milliards d’euros en 2016 et fixe la tarification à travers les modalités de remboursement. D’autre part, l’utilisation des données de santé fait l’objet d’une forte réglementation à dimension européenne et nationale. Ces données personnelles dites « sensibles » bénéficient d’une protection accrue par rapport au droit commun. La réglementation qui les encadre est d’autant plus justifiée que les collecteurs de ces données sont désormais nombreux : Assurance maladie, médecins et établissements de soins, grandes plateformes numériques (Google, IBM, Microsoft, Apple, etc.). Des progrès ont été réalisés avec la création en 2017 d’un système national de données de santé, qui regroupe des bases de données diverses, le changement des modalités d’accès ou la création d’un comité d’expertise pour les recherches, études et évaluations dans le domaine de la santé. Pourtant, en France, le cadre permettant de répondre aux besoins croissants en matière d’accès, de partage, de protection ou de garantie de fiabilité n’est pas encore abouti. La difficulté d’accès aux données a été identifiée comme un frein au développement de l’intelligence artificielle, notamment dans les possibilités de transfert des travaux de recherche.