L’intégration financière, et notamment une parfaite mobilité du capital, constitue un élément essentiel pour faire fonctionner efficacement une zone monétaire. L’absence d’obstacle à la mobilité du capital et de la liquidité permet en effet d’allouer l’épargne là où elle est la plus efficace, sans prise en compte des frontières nationales, et, dans un cadre réglementaire adapté, de limiter les risques liés aux déséquilibres excessifs. De plus, l’intégration financière, en opérant un partage des risques privés entre les États membres via la détention d’actifs à l’étranger et le crédit transfrontalier, permet de mieux diffuser les chocs économiques dans la zone et, partant, de renforcer la capacité d’un État, et plus généralement d’un pays, à absorber un choc asymétrique. L’ampleur de la stabilisation pouvant être opérée par ce biais fait cependant l’objet d’estimations très différentes1 . Malgré les avancées majeures liées à la réalisation de l’Union bancaire, l’intégration financière en zone euro reste partielle, comme en témoigne notamment le fait que les échanges sur le marché interbancaire et les détentions croisées d’actifs n’ont pour l’instant pas retrouvé leur niveau d’avant crise, que l’on ne voit pas émerger de groupes bancaires transfrontaliers et que les marchés de capitaux européens restent insuffisamment développés avec un important biais domestique. Par ailleurs, l’assainissement des bilans bancaires n’est toujours pas terminé près de dix ans après le déclenchement de la crise financière. En particulier, le niveau de créances douteuses reste très élevé dans certains pays, ce qui pèse sur le financement de leurs économies, influe négativement sur le coût du crédit et la transmission de la politique monétaire, et constitue un frein à l’intégration financière. La persistance d’obstacles à la mobilité du capital et de la liquidité, ainsi qu’au développement de services financiers transfrontaliers au sein de la zone euro, maintient une situation de fragmentation financière. Celle-ci se traduit par une hétérogénéité des conditions de financement des agents économiques entre États membres de la zone euro, qui n’est pas exclusivement liée au niveau de rendement ou de risque associé aux projets financés. Ce faisant, la fragmentation financière affaiblit la transmission de la politique monétaire, limitant son efficacité.
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